VERSION
HYPERTEXTUELLE
synchronie
de la
stéréoscopie fractale :
comme un soleil
dans l'homme
anika
mignotte
(mars 2001)
synchronie
... dans l'homme
- part 1
"
Toute la cosmogenèse peut être imaginée comme
l'acte d'un seul être, indissolublement matériel
et spirituel (c'est à dire sensible) en train de se complexifier.
Imaginons une seule substance se retournant sur elle-même,
se pliant, s'organisant de manière de plus en plus compliquée,
jusqu'à produire des qualités sensibles toujours
plus vives, puis des formes de conscience et des consciences de
formes de plus en plus vastes et subtiles..."
Pierre
Lévy(33-part2)
"
Le cosmos en évolution est une sorte de "quelqu'un" qui
converge vers l'humain. "
Teilhard
de Chardin
L'UN
L'AUTRE
On
me demande d'écrire sur une chose, un concept, qui peut
se lire, se manipuler, se parcourir, comme un grand voyage à
l'intérieur d'une infra ou d'une giga-molécule
que nous appellerons la Chose.
A l'instar de toute modélisation chimique, l'intérêt
de cette Chose réside à la fois dans la naturalisation
de ses composants, la systémique de leurs échanges
et le " faire monde " émergent qu'ils engendrent à
eux tous. Le remarquable de la Chose sera peut-être
lié (on le verra ici) au caractère universel qu'elle
recèle, en lecture des configurations et conjonctures multiples
qu'elle envisage, et au potentiel initiatique alors de sa navigation
dedans : l'unicité de chaque parcours marquant l'apprentissage
individuel (à vivre en praxis) de celui qui cherche à
s'approprier l'intelligibilité de l'ensemble - au sein
duquel chaque étape particulière se trouve éclairée.
Qui dit " dedans " dit système
clos et enveloppe autour : cellule. Ici en l'occurrence, c'est
un dedans (la vie), à l'intérieur duquel
on retrouve une fragmentation dedans/dehors
: un principe qui peut se parler aussi bien en 1ère
qu'en 3ème personne(1) ; en fait, un principe qui
permet à la fois la relation à soi et la relation
à l'autre... et alors seulement l'entre-deux : la co-émergence
en 2ème personne, l'enaction(2),
le " faire monde " synchrone en perpétuel surgissement
au sein du couplage structural qu'un organisme
forme avec son environnement, qu'une personne en construction
d'elle-même forme avec l'altérité qui l'entoure.
La relation
du soi à l'altérité peut s'envisager
à tous les niveaux de couplage co-génératif
entre deux entités qui s'accompagnent un temps (bref ou
prolongé) dans leur développement. Pour l'illustrer,
suivent trois exemples assez explicites :
- Ainsi, dans le Soi - l'humain,
le dédoublement s'opère-t-il déjà
entre phénoménologie neuro-dynamique et phénoménologie
de la conscience : i.e. double contrainte développementale
entre chimie du cerveau et faculté cognitive.
- Ainsi, chez l'Autre, non-humain
- dont on acceptera ici qu'il soit : formalisation mathématique
/ calcul informatique / câbles du réseau (ordinateurs,
robots, Réalités Virtuelles, Internet,...) -, les
process émergents de l'intelligence artificielle (IA) fonctionnent-ils
eux aussi en double contrainte neuronale / cognitive.
- Ainsi encore, cette IA peut-elle générer des comportements
robotiques, environnementaux virtuels ou réseau, à
l'origine à part entière d'une nouvelle
phénoménologie de l'altérité - en
extériorité (simulation ou miroir conversationnel)
avec l'humain (individuel ou collectif). La question qui se pose
étant celle de savoir comment ces systèmes, ces
outils, sont/seront susceptibles alors d'interférer avec
l'humain, d'affecter ses perceptions, ses représentations,
de lui-même et du monde : d'enacter en quelque sorte un
nouveau " faire monde " avec lui (caractéristique propre
à toute nouvelle technique que l'humanité s'approprie
- et qui lui fait tuteur pour la conquête des territoires
et des connaissances, tout en lui modifiant aussi profondément
ses modes de vie et ses usages culturels).
Cette enaction, ce " faire monde
", par coopération entre deux (ou plusieurs) principes
co-générés l'un l'autre, peut donc se décliner
sous de multiples formes. Dans cette vision fractale(3),
à bien des niveaux où l'on puisse considérer
le monde et ses productions - les agents de ce monde (les
êtres en général), ces derniers peuvent être
appréhendés :
- dans leur ubiquité de nature
: auto-antécédence dynamique entre émergence
des lois organisationnelles inhérentes à la matière
(inanimée / animée / consciente, du point du vue
d'une neuralité cervicale ou informatique) et formation
d'une phénoménologie cognitive du monde réel
;
- dans leurs modalités communicationnelles, ou relationnelles,
en binôme - conditionnant
l'auto-définition d'un comportement propre à chacun,
à force de positionnements ré-affirmés (renforcés)
ou infléchis en réaction à l'altérité
de leur égal ;
- dans les modalités communicationnelles,
ou relationnelles, qu'ils dégagent alors collectivement
au sein de la population qu'ils forment à eux tous
; ces modalités leur conférant une identité
et un potentiel d'actions communes, au sein d'émergences
comportementales distribuées et situées(4)
(contextualisées). A ce titre, le
réseau Internet opère ici véritablement
à la fois comme métaphore et révélateur
suprême de la puissance opérationnelle déployée
par le truchement auto-organisationnel de ces agglomérats
d'agents cohérents (les communautés d'internautes),
de soi individuels reliés les uns aux autres en
mini-couplages bi ou multi-latéraux, simultanés,
ponctuels, réitérés, en immanence continue
les uns par rapport aux autres - à l'instar de la communauté
humaine réelle.
Deux principes donc : à l'intérieur du soi, une
ubiquité de nature ; dans le relationnel avec l'environnement,
une multiplicité de contacts collatéraux à
l'origine d'un gigantesque maillage organisationnel de rencontres
entre des unités simples.
retour
EN
RESPIRATION
Et
l'on peut comme entendre une respiration à l'intérieure
de ce tissu mouvant - car cette Chose, faite d'une sédimentation
croissante de couches temporelles, en perpétuelle
reconfiguration à sa surface, se trouve mue par deux déplacements
simultanés qui en permettent l'évolutivité
et le rayonnement :
- une traçabilité historique verticale :
là d'où elle vient et le chemin qu'elle a parcouru
pour en arriver là où elle est ; son origine structurelle
couplée à l'historicité émergente
de ses principes organisationnels, tels que bousculés au
cours du temps - tous deux en déterminant les mécanismes
réactionnels actuels ;
- une potentialité d'exploration horizontale : de
couverture, d'appropriation de terrains nouveaux, au gré
des rencontres et relations entretenues en continu avec l'environnement
au sein duquel elle se régule et se redéfinit en
permanence.
Sont donc attribuées
à la Chose... deux pulsations :
- l'une en expansion de bas en haut, qui lui donne en reverse
une lisibilité sur les antécédences de sa
genèse et un accès aux blocs les plus enfouis de
ses couches primitives (cf. construction en 1ère personne
/ intériorisation) ;
- l'autre, oscillatoire, en dilatation/rétraction :
en accompagnement phasique ou anti-phasique, synchrone ou asynchrone,
avec l'altérité qui l'environne (l'altérité
en différence de nature, ou l'altérité de
même espèce, mais en différence d'identité),
lui donnant une chance de se remettre en question : de se déployer,
se révéler, d'advenir dans son identité propre
- ou de se détruire, au contact de l'autre (cf. construction
en 3ème personne / suspension) ;
... et un
principe de croissance : l'émergence verticale comme
conséquence factuelle (heureuse ou malheureuse) d'une synchronie
consommée au sein d'un couplage en altérité
- le 1 et le 3 produisent, enactent, le 2 émergent. Ainsi,
en soi, la synchronie physiologie/mental peut-elle être
à l'origine d'une réaction émotionnelle centrée,
et la synchronie neuronale(5) à l'origine d'un acte
de pensée. De même, avec l'autre, une synchronie
au sein de l'intersubjectivité relationnelle nouée
avec lui, peut-elle être à l'origine d'altérations
mutuelles dans le champ comportemental - affectif ou intellectuel
(cf. construction en 2ème personne / laisser-venir).
retour
EN
SYSTEMIQUE
Nous
assistons alors à la possible naissance d'une danse
entre des structures évolutives constituant/épousant
chacune un niveau cohérent de système complexe.
Telles des entités autonomes indispensables l'une à
l'autre dans l'émergence respective de leurs principes
d'existence (formation, auto-définition, formalisation,...),
ces structures sont de nature à s'accompagner tout au long
de leur développement. On peut parler ici d'isomorphisme
ontologique ou de co-générativité
opérant simultanément sur deux terrains au sein
même du temps vivant.
Une seule condition pour que quelque chose se passe : le contact
; établir le contact entre
deux niveaux structurels, de nature différente en altérité
ou en historicité ; et les faire alors s'écouter,
se parler ; envisager si une synchronie féconde, une accroche,
peut se déclarer entre certaines de leurs zones. Ainsi
l'identification d'une structure peut-elle aider à en définir
une autre, les modifications observées dans ses classes
(faites d'objets x) permettant à une autre, couplée
avec elle (mais selon des classes d'objets y), de se découvrir
des configurations jusqu'alors ignorées.
Cet épousement de structures rappelle aussi le principe
de double contrainte
ou double causalité, ascendante et descendante,
tel qu'abordé par l'équipe de Francisco Varela entre
phénoménologie consciente et corrélats
cérébraux(6). Causalité ascendante (vers
le global), lorsqu'une dynamique neuronale (assemblée synchrone
de neurones) révèle une altération physiologique
non perçue, permettant de déclarer chez le sujet
un vécu phénoménologique inconnu avant (formation
d'un état de conscience). Causalité descendante
(vers le local), lorsqu'à l'inverse, une production de
séquences neurodynamiques se trouve repérée
par évidence conjoncturelle avec la description d'un surgissement
conscient.
retour
EN
ORIGINE
"
La conscience est ce qui a assuré le lien entre les deux
aspects disparates du processus : la régulation biologique
et la formation d'images. "
Antonio
Damasio
Ce
tissu respirant, épousant un volume en croissance multi-directionnelle
constante, doit son existence primale à un
noyau-souche : un couplage de base ondes / particules,
ou quanta, inimaginablement puissant, et à
l'origine de toutes les prises de formes cosmiques de la matière
- telle que progressivement déployées, révélées,
articulées, au sein du processus lent et régulier
qui depuis des milliards d'années conduit sa mise en formes,
l'informe : l'informationnel(7).
On peut observer que l'évolution
de ce couplage quantique (non duel, mais
stéréoscopique) matière/informationnel
et de toutes ses interrelations, se fait dans le sens d'une double
production dans la phénoménologie du réel
: celle d'une entropie chaotique(8) asynchrone galopante
et bruyante, conjointe à celle de la formation
d'attracteurs étranges(9), pôles
singuliers au sein desquels une cohérence parvient à
se former, tel un écosystème autonome, un îlot
de vie - une zone de synchronie où l'émergence est
possible, car des lois, des codes se sont signalés et se
trouvent pratiqués. Il y a donc un
chaos(8) pour générer de l'énergie
(créer des circonstances anarchiques qui la provoquent
par le conflit, la différence, la confrontation), et un
chaos pour générer du sens au sein
de cette énergie (faire advenir des synergies éclairantes
à l'origine de nouveaux écosystèmes locaux
: économiques, politiques, philosophiques, esthétiques,
artistiques,... ; à l'origine de nouvelles formes et de
nouvelles pratiques fédératrices et lumineuses).
Dans la phylogenèse de
l'espèce humaine, comme dans l'ontogenèse de chaque
être humain(10), si évolution il y a vers
un devenir toujours plus conscient (ou différemment
conscient), c'est que des configurations biologiques, émotionnelles
et mentales ont successivement pu faire advenir cette attraction
étrange, singulière et synchrone, que nous sommes
au sein de la matière vivante - comme le déversement
progressif de l'information dedans. Une approche
des modalités plausibles de formation du premier noyau
de la conscience - tel que l'on peut tenter de le définir
à son stade de conscience-noyau ou proto-soi (puisqu'il
s'agit originellement de conscience réflexive, de conscience
de soi), est proposée par le neurologue Antonio Damasio.
Son hypothèse est que cette première conscience
(qui dote l'organisme d'un sentiment de soi relativement à
un moment, maintenant, et relativement à un lieu, ici(11)
serait fondée :
1- sur les régulations biologiques
fondamentales (homéostasiques(12) incessantes
de notre corps - formant en continu un ensemble non-conscient
de représentations(13) liées aux dimensions
diverses de son état ;
2- ainsi que sur les configurations sensorielles signalant la
douleur, le plaisir, les émotions : schèmes de réponses
stéréotypés, mais néanmoins déjà
complexes, associés à une première faculté
de mise en images - ou formation des
sentiments comme portes sensorielles sur le monde.
L'apparition de cette faculté
réactionnelle primordiale, témoin d'un premier agencement
organique synchrone engageant la possibilité d'un devenir
conscient, démontre que si évolution il y a,
elle s'opère bien au sein de mécanismes
de régulation distribuée(14) (ici
au sein des organes, selon une cartographie
présente aussi à la surface de l'enveloppe charnelle(15).
Et aussi que ce corps constitué est alors contraint pour
se développer de s'exposer en permanence à la sollicitation
et au questionnement d'un environnement par lequel il peut s'enrichir
et se complexifier (i.e. portes sensorielles sur le monde).
L'émotion, à ce stade, peut être prise comme
la manifestation d'une première harmonie consciente
(première musique de l'altérité), en révélation
constante dans la chair lorsque celle-ci se trouve confrontée
à des altérations par l'environnement.
Le processus du
becoming aware(16), tel que décrit
par Francisco Varela, est peut-être aussi susceptible de
reprendre cette description cyclique entre le soi, l'altérité
et l'émergence. Le cycle de base permettant l'épochè(17)
sur un objet particulier, se décline en 3 phases : celle
d'une perturbation par l'altérité, entraînant
une période de visée à vide (suspension)
; puis celle d'une re-centralisation, re-concentration sur l'intériorité
(redirection) ; avant celle de se livrer en écoute
bien disposée à la rencontre, au laisser-venir
(letting-go). La prise de conscience viendrait donc là
aussi d'un couplage fécond entre une altérité
et un soi... au sein d'un acte d'union, donc de synchronie. Ce
qui précède décrit peut-être assez
bien la manière dont pourrait invariablement procéder
cette mise en phase de soi avec l'altérité (ici
un objet), qu'elle se situe comme on l'a vu, dans le champ de
la conscience-noyau (qui sait juste qu'elle ressent)...
ou dans celui plus évolué de la conscience-étendue
: autobiographique, morale (plaçant la personne en un point
du temps historique individuel, avec une riche connaissance immédiate
du passé qu'elle a vécu, comme du futur qu'elle
a anticipé, et avec une connaissance aiguë du monde
qu'elle côtoie(11) - conscience liée par conséquent
à l'acte plus évolué de la cognition, avec
capacité de langage, de mémoire conventionnelle,
de mémoire de travail, de créativité,...-,
telles que catégorisées par Antonio Damasio(18).
retour
1
- Construction en 1ère personne : immédiateté,
expression, psycho-phénoménologie, intuition, autosuffisance
/ en 3ème personne : vision en extériorité
- comportementale, réductionniste / en 2ème personne
: empathie, hétéro-phénoménologie, mise
à l'écoute du 1 et du 3.
réf. sur le site de Francisco Varela:
# Articles on Neurophenomenology and First-person Methods :
-http://www.ccr.jussieu.fr/varela/
human_consciousness/articles.html
et en particulier : " First-person Methodologies : What, Why, How
? " by Francisco J. Varela and Jonathan Shear
-http://www.ccr.jussieu.fr/varela/
human_consciousness/JCSCHAP.htm
# Current publications on the Philosophy/Cognitive Science Interface
:
-http://www.ccr.jussieu.fr/varela/
human_consciousness/publications.html
(F. Varela and J.Shear (Eds.), " The View from Within: First-Person
Methodologies ", Imprint Academic, London, 1999).
2 - enaction : émergence d'un " faire monde " au sein de
l'historicité d'un couplage structural co-génératif
organisme/environnement (" Invitation aux Sciences cognitives ",
Francisco Varela - Ed. du Seuil, 1996);
exemple relatif à la cognition : " Toute action est connaissance
et toute connaissance est action " (" L'Arbre de la Connaissance
", H.R. Maturana, F.J. Varela - Ed. Addison-Wesley, 1994).
3 - fractal : caractère de ce qui peut décliner au
sein de ses parties une propriété attribuée
à l'ensemble.
4 - cf. travaux de Alexis Drogoul (LIP6) sur les SMA (Systèmes
Multi-Agents) en environnement situé :
-http://www-poleia.lip6.fr/~drogoul/Research/index.fr.html
-http://www-poleia.lip6.fr/~drogoulPapers/Drogoul.Habilitation.fr.pdf
5 - cf. travaux de Francisco Varela et son équipe sur la
synchronie neuronale (Laboratoire LENA - groupe de Neurodynamique
et Imagerie cérébrale
-http://www.ccr.jussieu.fr/varela/
neuronal_integration/articles.html
-http://www.ccr.jussieu.fr/varela/
press_releases/index.html).
6 - cf. intervention de Antoine Lutz (Laboratoire LENA - groupe
de Neurodynamique et Imagerie cérébrale) à
l'atelier du RESCIF " Phénoménologie et cognition
" (27/02/01), sur le thème de la " Méthodologie en
première personne : Vision stéréoscopique :
la double contrainte des corrélats cérébraux
et de l'évidence phénoménologiques ".
7 - Les objets quantiques ("quantons") sont de nature duelle (ou
"stéréoscopique") onde/corpuscule - indissociablement,
consubstantiellement à la fois énergie/matière
("amplitudon" - local, temporel) et information immatérielle
("phason" - a-local, a-temporel). ƒnergie matérielle et information
immatérielle sont intimement liées dans "l'ancron"
au niveau de l'espace infinitésimal et ultime de Planck.
Les objets de notre environnement sont tous formés par des
assemblages de "quantons". (Marcel Locquin)
cf. articles de Marcel Locquin :
-http://transscience.enfrance.org
et en particulier : " Nous sommes des enfants du passé partiellement
pilotés par le futur"
-http://transscience.enfrance.org/
frpilofut.htm
et " Le sourire du chat d'Alice "
-http://transscience.enfrance.org/fr/
chatali.htm
8 - par analogie au " Chaos mathématique " - cf. " Les Lois
du Chaos ", Ilya Prigogine, Rome 1993, Ed. Champs Flammarion : Les
lois appliquées aux systèmes instables, dit chaotiques,
se formulent en termes de distributions de probabilités au
niveau de populations (et non de trajectoires - individuelles).
Les probabilités acquièrent ici une signification
dynamique intrinsèque, introduisant les notions d'évolution,
d'événement et de créativité dans les
lois fondamentales de la nature.
9 - par analogie à la définition mathématique
de " l'attracteur " : " A court terme, tout point de l'espace des
phases peut représenter un comportement possible du système
dynamique. Mais à long terme, les seuls comportements possibles
sont les attracteurs. Les autres mouvements sont transitoires. Par
définition, un attracteur possède une importante propriété
: la stabilité - dans un système réel, soumis
à des chocs et des vibrations, le mouvement tend à
retourner vers l'attracteur. " - p 180 et schéma p 186 de
l'ouvrage " La Théorie du Chaos ", James Gleick, 1987, Ed.
Champs Flammarion.
10 - cf. " récapitulation onto-phylogénique : règle
de l'évolution des êtres vivants qui constate qu'un
individu, dans son développement embryonnaire, passe par
toutes les principales étapes de la vie depuis son origine.
Ainsi l'embryon humain est-il d'abord unicellulaire comme un Protozoaire
; il devient ensuite un massif de cellules comme une colonie d'Algues
; puis il est analogue à un ver ; puis comme un poisson Sélacien,
il a des fentes branchiales comme un requin ; puis comme un Batracien,
il a des mains palmées ; enfin il naît Mammifère.
" (Marcel Locquin)
11 - citations extraites du livre de Antonio Damasio " Le Sentiment
même de Soi - Corps, émotions, conscience " (" The
Feeling of What Happens ", 1999) - Ed. Odile Jacob.
12 - " L'homéostasie désigne les réactions
physiologiques coordonnées, et en grande partie automatisées,
qui sont indispensables au maintien des états internes stables
dans un organisme vivant." - p47, " Le Sentiment même de Soi
- Corps, émotions, conscience ".
13 - Antonio Damasio : " Et pour assurer la survie du corps du mieux
possible, je suggère que la nature a trouvé par hasard
une solution extrêmement efficace : représenter le
monde extérieur par le biais des modifications que celui-ci
provoque dans le corps proprement dit, c'est à dire représenter
l'environnement en modifiant les représentations fondamentales
du corps chaque fois que prend place une interaction entre l'organisme
et l'environnement. " - p289, " L'Erreur de Descartes " (Descartes'
Error, 1994) - Ed. Odile Jacob.
14 - Antonio Damasio : " La carte dynamique de l'ensemble de l'organisme,
reposant sur ce schéma corporel et cette enveloppe du corps,
ne semble pas être localisée à une seule aire
cérébrale, mais paraît être distribuée
entre plusieurs régions dont les activités neurales
sont sans doute temporellement coordonnées. " - p290 ; "
Les états successifs de l'organisme donnent lieu, moment
après moment, à des représentations neurales
constamment renouvelées, organisées en multiples cartes
interconnectées, donnant ainsi une assise matérielle
au moi. " - p296, " L'Erreur de Descartes ".
15 - Antonio Damasio : " La peau est en fait le plus grand viscère
de tout le corps " - p290 ; " Le traitement des signaux émanant
de l'interaction d'un organisme avec son environnement externe s'effectue
peut-être en référence à la carte globale
de l'enveloppe du corps " - p291, " L'Erreur de Descartes ".
16 - en référence à : " On Becoming Aware:
Steps to a Phenomenological Pragmatics " - ouvrage à paraître
de N. Depraz, F. J. Varela & P. Vermersch, (Benjamins Publishers,
Amsterdam); voir " The Gesture of Awareness - An account of its
structural dynamics ", des mêmes auteurs, 1999 :
-http://www.ccr.jussieu.fr/varela/
human_consciousness/GestureAwareness.pdf
17 - concept de Husserl repris par les auteurs précédemment
cités dans une approche phénoménologique en
1ère personne - cf. texte " L'épochè phénoménologique
comme pratique ", Depraz, Varela, Vermersch (téléchargeable
à l'adresse :http://heraclite.ens.fr/~roy/DVV.rtf)
extrait : " La description de la pratique de l'épochè
s'inscrit dans un travail plus large qui vise à ressaisir
les différentes étapes du processus par lequel advient
à ma conscience claire quelque chose de moi-même qui
m'habitait de façon confuse et opaque, affective, immanente,
bref, pré-réfléchie. Selon les disciplines
convoquées, pour l'essentiel philosophie, psychologie, sciences
cognitives, plus généralement traditions spirituelles
(bouddhisme tibétain,...), on a nommé cet acte d'avènement
à la conscience "réduction phénoménologique",
"acte réfléchissant", "prise de conscience / becoming
aware", pratique de la présence attentive (mindfulness).
"
18 - cf. schémas récapitulatifs en pages 63, 200 et
306 de son livre " Le Sentiment même de Soi - Corps, émotions,
conscience".
retour
synchronie
... dans l'homme
- part 2
L'ACTEUR
Reparcourir
cette genèse - qui nous force à revisiter le développement
des processus dont nous sommes issus et ceux dont nous sommes
dotés - nous amène à reformuler
notre histoire en deux temps : celui au cours duquel nous
nous constituons et celui au cours duquel nous nous pratiquons
(même si ces deux temps participent en fait d'une seule
et même expérience pleinement enactive). C'est un
peu comme s'il nous fallait nous préparer à la pièce
de théâtre avant de la jouer. La phase de préparation
chez l'acteur, c'est la mise en place de l'outil dans le
réglage des rouages de son organicité. L'outil
corps-émotion-mental s'accorde comme un instrument.
L'acteur se rend avant tout disponible à réagir
sans anticipation à un environnement qui le sollicitera
de manière sans doute tout à fait inattendue. L'art
de l'acteur est de se préparer dans le corps et le mental,
un terrain de virginité émotionnelle (et néanmoins
de concentration et d'attention) propre à le faire réagir
au plus étroit de la véracité des événements
autour de lui quand il se présenteront : contexte lié
au lieu, à l'heure, à la situation, la relation
psychologique, physique au partenaire,...(19) Et alors
que le travail préparatoire aura préalablement creusé
des sillons synchrones corps-mental
(impression dans l'intime d'une sorte de film(20) stéréoscopique),
le jeu ensuite sur scène sera de redécouvrir chaque
surgissement sensoriel, émotionnel, conscient, en déroulé
sur le fil/film de l'action, sans chercher en force les états,
mais en les laissant simplement venir parce qu'ils feront sens
et organicité avec une intention précédant
le verbe. La parole ne s'imposera que parce qu'elle fera souffle
avec le tissu ambiant, que parce qu'un contact synchrone, profond
et indivisible, aura été maintenu à l'intérieur
de l'outil de l'acteur - maintenu en réactivité
physiologique et langagière intégralement innervée
par le percept à l'environnement.
retour
LA
MEMBRANE (21)
La
membrane est une proposition d'expérimentation à
l'endroit de ce travail de " mise en contact
" : en soi (à l'intérieur des différentes
dimensions de son être) et entre soi et l'environnement.
Pour cela, on immerge le visiteur à l'intérieur
d'un continuum d'images animé (vidéo-projeté
sur la membrane), véritable calque vivant temps-réel
de la réactivité de son corps (équipé
de capteurs physiologiques). Le visiteur voit donc en quelque
sorte son corps, sa physiologie, extériorisés face
à lui, dans le percept continu de sa réactivité
intime, consciente ou inconsciente. La plasticité de cette
ombre colorée, habitée - de ce scanner, sera élaborée
dans le but d'en épouser au maximum les axes
réactionnels dynamiques synchrones ou asynchrones.
Les configurations visuelles de cette peau environnante attesteront
donc spécifiquement des moments de présence et d'implication
réelle du visiteur dans l'acte émotionnel et cognitif
engagé : sa qualité " d'être en contact "
sera manifestée et valorisée - celle qui le rendrait
prêt à joindre le texte à l'intention s'il
était acteur.
L'enjeu pour le visiteur est donc une double perception : celle
d'une synchronie épisodique au sein de la dynamique physiologique
interne de son corps (visualisée au moment même où
elle opère) ; et celle d'une synchronie ou asynchronie
réactionnelle, adaptative de son corps, en réponse
à toute stimulation extérieure impliquant un contenu
émotionnel. Cette réactivité propre à
la régulation biologique fondamentale, mais néanmoins
également associée à une sensorialité
et à une imagerie mentale chaque fois particulières,
peut-elle être considérée comme premier témoin
manifeste d'une " conscience physiologique " enactive avec la
cognition à proprement parler ? Le
corps ferait en effet caisse de résonance
dans un mouvement ascendant qui informerait et modifierait les
configurations neuronales du cerveau. Dans cette idée,
des recherches actuellement en cours sont menées dans le
but de détecter les types de couplages en jeu entre canaux
physiologiques privilégiés et patterns de synchronie
cérébrale(22). Cette relation singulière
physiologie/mental - de type organisme/environnement - se trouve
au coeur de la métaphore de l'installation, qui, par le
surgissement de flashs vidéo, bruitages, voix-off,... à
la sollicitation par le toucher sur la texture de la membrane,
invite à glisser naturellement de
sa dimension organique à sa dimension cognitive
: invite en quelque sorte à solliciter la matière
organique dans son contenu (proto)cognitif, une fois seulement
caressée.
retour
ET
LES LENDEMAINS TECHNOLOGIQUES
Les
technologies informatiques requises pour le scanner sont celles
de simulation des comportements émergents des systèmes
complexes par approche multi-agents(23).
Celles requises pour parvenir à une automatisation de détection
de variabilité émotionnelle en terme de degré
d'activation, voire de qualité d'états, font appel
à l'hypothèse d'un apprentissage du système
par détection d'auto-antécédences entre des
grilles de lecture multi-agents(24) ("émission "
- intentionnelle ; " captation " - physiologique ; " interprétation
" - émotionnelle ; " conversation " - diffusion d'images
et de sons soumise à validation par l'auteur). La mise
en phase, le couplage, des différentes grilles, par création
de correspondances graduelles au sein de classes transversales
à toutes, s'opérant selon un mode itératif
activant le principe de double contrainte ou double
causalité entre deux niveaux voisins. Cette méthode
permettrait donc une identification parallèle et simultanée
entre émergence de patterns physiologiques et phénoménologie
émotionnelle (dirigée, verbalisée et donc
caractérisable par l'expérimentateur).
Le développement d'un tel prototype informatique, assurant
en continu le traitement temps-réel d'une captation physiologique
multimodale, et permettant alors une interactivité avec
elle, soit en biofeedback (scanner), soit en ambivalence conversationnelle
liée à l'interprétation émotionnelle
(modalités d'écriture sur la manière d'interroger
l'enchaînement des bribes flashs vidéo, bruitages,...),
reste à priori unique en son genre.
Ce développement, dont la spécificité en
outre est de mêler approche en cognition
humaine et enjeux bio/neuroinformatiques (envisageant la
manière de concevoir demain des artéfacts vivants
et émotionnels (25), est l'exemple même d'une
enaction possible entre deux terrains initialement étrangers
l'un à l'autre, et néanmoins familiers dans le type
de procédures que l'un comme l'autre cherche à faire
valoir au sein de ses émergences propres : la modélisation
neuronale ou les SMA permettant de caractériser, de modéliser,
des émergences comportementales autonomes, propres aux
êtres vivants (individus ou collectifs), mais aussi potentiellement
aux artéfacts / machines.
Les enjeux industriels liés
à de tels travaux sont ceux de la
communication par l'affect (Affective Computing(26)
au sein des réseaux (Internet,...) et des communautés
mixtes hommes/robots(27). Dans les deux cas, la construction
du maillage relationnel émergent entre les agents unitaires
résulte d'une activité collective, intelligente
et distribuée - logiquement enrichie du fait d'une captation/interprétation
plus fine des comportements particuliers de chacun de ses constituants
: la qualification du type de présence émotionnelle
faisant alors partie intégrante de cette "
identification de profil cognitif " envisagée pour
chacun des utilisateurs/agents/acteurs reliés au maillage
global à toutes les extrémités de chaîne
câblée, HF ou satellisée.
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EN
AMONT DE L'ACTE CREATEUR
L'idée
matrice que l'on retrouvera ici est un peu toujours d'en " revenir
à avant " ; d'en revenir à
l'acte conscient de la préparation... vivre,
à créer, à rencontrer,... L'idée est
celle de momentanément " s'arrêter ", puis de " se
réapproprier ", avant de " se laisser-aller "(28).
S'arrêter, je le fais quand des situations insatisfaisantes
me manifestent que je ne suis pas en plein potentiel pour viser
ce à ce à quoi je souhaite parvenir et me contraignent
à réenvisager la manière dont je me dirige...
Je comprends alors que j'ai en moi des choses mal apprises, mal
conditionnées, mal formées, et qu'il est possible
peut-être de les rééduquer ; alors je cherche
à me réapproprier : ma respiration, mon intellect,
mes sensations, mon affectivité, à assouplir et
à préciser les interrelations entre ces différents
canaux, qui doivent naturellement apprendre à se coordonner
dans une énergie commune au moment de l'entrée en
action... : l'entrée sur la scène de la vie ou d'un
théâtre - qui me fera parler, entrer en cognition
active, avec tout un tas de choses que je ne peux, ni ne veux
présumer à l'avance. Alors, avant, je laisse
couler du mercure dans mes veines(29) et je repose calmement
toutes ces facultés qui ne demanderont qu'à vibrer
de concert dans un même " faire monde " dès que je
les mettrai au contact de l'altérité : je me centre
en poste de pilotage éveillé et me prépare
en ouverture, disponibilité, désir, à toutes
sortes de situations à l'intérieur desquelles mon
souhait sera de parvenir à saisir et à injecter
de l'intensité : du relief, du contraste, de la charge,
du sens et de la manifestation sensible et consciente. Je me prépare
à l'accueil fécond. Cette "
prise de corps " préalable de moi-même me
rendra apte à investir le fond des situations qui me seront
proposées, apte à me laisser les vivre en m'impliquant
aussi profond que je puisse en capter et en restituer le charisme
et l'émotion. Ce processus d'entrée
dans le geste, en action dans l'altérité, est un
laisser-couler dans la nature même des choses,
un glisser dirigé dans la matérialité qui
m'entoure et sur laquelle je peux avoir prise un peu à
la manière de l'enfoncer d'une main dans un gant : je
lui donne forme, je l'informe. C'est ce qui m'apparaît
quand je crée. Si l'acte créateur est bien un transfert
d'énergie physique, mentale, un transfert de conscience(30),
individuel ou collectif, à l'intérieur d'un objet,
une performance, une mise en scène, une écriture,
une formalisation, un langage,... alors ce qui est proposé
ici se situe bien en amont d'un parler courant de cette chose
- sans cesse créée, re-créée... chaque
fois re-visitée en syntaxe et phrasé, au moment
véritable de l'acte, de la rencontre en altérité.
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INTERROGEONS
LES NT
Mais
le passage à l'Acte Créateur est-il à ce
jour possible avec les Nouvelles Technologies ?
C'est un peu comme si l'artiste des NT en proie à la problématique
de la captation et de l'interprétation (à la base
des procédures interactives de son système), se
trouvait contraint sur un axe Etre /
Mesure dont les pôles mutuellement s'excluent(31).
L'enjeu pour lui réside alors dans la voie médiane
à tracer pour pratiquer l'un sans que cela soit au détriment
pour l'autre. L'enjeu est là aussi de réaliser une
synchronie : la prise de corps de l'un dans l'autre - de la technique
dans l'artistique. C'est un processus lent, mais d'année
en année, on le voit chaque fois opérer de manière
plus féconde, plus épure - même si l'interactivité
par appareillage technologique (identification de profils) a encore
du mal à venir et à trouver une passerelle vers
les choses de l'Etre, le point de vue sur l'existence, " l'Art
lié au Péché "(32). C'est comme si
cette rencontre, très nouvellement amorcée, se passait
un peu dans la douleur, comme si pour surgir les synchronies naturelles
ne trouvaient pour le moment à s'incarner qu'au sein de
singularités (de personnalités) exceptionnellement
affirmées dans leur parcours technique ou artistique préalable.
Pour qu'un "liant" prenne entre un psychisme
et un outil (tel que sans cesse en train de se définir),
il faut du temps... le temps de passer outre les antagonismes
de natures... un temps artisanal pour à la fois inventer
l'outil et l'écriture qui va avec.
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LE
PASSAGE
A L'ACTE
Mais
de tous les couplages en altérité finissent toujours
par émerger des formes inattendues permettant de revisiter
différemment tout ce qui, de toutes les manières,
aura déjà été écrit des milliers
de fois avant. A l'évidence, l'innovation ici réside/ra
dans le type de posture nouvelle requise : de la part de l'auteur
pour créer l'oeuvre et de la part du visiteur pour trouver
un accès à son intelligibilité, sa
pratique expérimentale. Cette " nouvelle manière
de le dire " rendra-t-elle plus conscient encore (lumineux, pénétrant)
" ce qui voudra être dit " ? en transformera-t-elle même
alors jusqu'aux structures profondes d'appropriation et de compréhension
? et par conséquent en bouleversera-t-elle l'impact sur
le public ? Le dira-t-elle simplement plus fortement parce que
cherchant à le transmettre dans
le champ actif de l'expérience ?
On peut dire que, sous un certain angle, le nouveau processus
risque d'être plus pédagogique : relevant un peu
du même fossé qu'il y a entre assister à un
spectacle et prendre des cours d'Art Dramatique ou même
jouer. Au final, on dira peut-être que pour réellement
connaître la vie dans sa dimension artistique, il faudra
avoir été soi-même artiste, et que c'est précisément
ce qui sera rendu possible dans la nouvelle manière dont
il sera proposé à chacun de s'investir dans la fabrication
- stéréoscopique là aussi, de ses manifestations
tant psychiques que plastiques. Peut-être se résoudra-t-on
alors mieux au fait que " connaître
implique l'action "(2-part1).
Le programme de l'Art lié aux NT sera donc peut-être
de négocier mieux que tout autre cette montée
vers la conscience en action, vers cette conscience-inconsciente
parce qu'emmenant tout dans l'action. L'action permet/induit
la synchronie - y compris en plongée dans les processus
du corps, de la cellule : car pour que l'action devienne
vibration, force est de constater que l'on ne peut se contenter
du seul bocal mental (cognitif, isolé dans la seule
abstraction) ; il faut lui conjoindre le physiologique.
Et c'est un peu ce que l'acteur
fait lorsqu'il improvise. Sa matière est le réel
: sensoriel, psychologique, le temps qu'il fait, le lieu où
il se trouve, les gens autour, ce qu'il vient de faire, ce qu'il
a à faire... l'écosystème du moment (plus
ou moins riche, intéressant) qui lui sert de matériau
pour sculpter une situation, une tension relationnelle,
à la base dramatique du surgissement d'une émotion,
d'un regard, d'une conscience. Quel que soit le médium,
ce serait pour moi la meilleure définition que je pourrais
donner de l'écriture.
Ici l'instrument de l'auteur, comme celui du visiteur, est son
outil corps/mental, contraint au sein de l'environnement visuel
et sonore que lui-même contraint. Ecrire, c'est alors peut-être
nouer des choses assez multiples pour qu'une histoire-témoin
(en 1ère personne) progressivement s'articule. Cette histoire,
ce drame singulier, hyper-personnifié, on la verra naturellement
naître du cumul de couches de vie, toutes différemment
signifiantes, mais qui à elles toutes (et seulement parce
qu'elles auront été traversées en un certain
enchaînement), sédimenteront un dire, une pertinence
profonde, au sein d'un relationnel étroit entre
des choses vécues, des états, des concepts,... Ce
chemin dramatique sera sans doute, comme la vie, méandreux
et fait d'ambivalences continuelles ; il dansera entre des choses
contradictoires... mais il " fera monde " parce que des univers
se seront pénétrés et qu'en se pénétrant,
ils se seront mutuellement éclairés, et raconteront
alors quelque chose au milieu : quelque chose comme
l'histoire d'une nécessité au sein de la nature
conflictuelle des choses (lumineuse/ténébreuse).
Cette nécessité
de lien, qui avec entêtement nous pousse à faire
exister, transparaître quelque chose dans le méli-mélo
de nos choix de vie, nos actes, nos manières de dire, de
transcrire ce que nous voyons, est sans doute au final ce qui
peut le mieux répondre et donner sens, transcendance et
beauté (tragique, artistique) au désorganisationnel
(physique, psychologique, relationnel,...), quand il nous atteint.
Prendre alors le parti d'investir même
la douleur, dès qu'il s'agit de refuser l'état
de séparation (de maladie, de mort), est peut-être
ce qui permet de passer un cap, pour très simplement entrer
dans le don - dans aimer(33). Et cette lumière,
à ce niveau-là, se situe bien dans le vivant d'une
histoire entre nous et la source de toutes les formes (l'informationnel).
"
Nous montons vers la source de toutes les formes. "
"
Cette exploration progressive et rigoureusement parallèle
des deux hémisphères du monde, le réel (l'expansion
de la diversité cosmique, physique, matérielle)
et le virtuel (l'expansion de la conscience, la découverte
des possibles), a l'amour pour centre secret et destination ultime.
"
"
Le développement de l'intelligence collective est une montée
d'amour. "
"
On a quelque scrupule à employer le mot " Dieu " pour désigner
ce désordre éternel, cet ordre parfait, ce crépitement
d'existence sur tous les tons, cette unité du tout, cette
métamorphose infinie hurlante d'amour, cette conscience
illimitée, cette source créatrice débordante,
cette solitude absolue, moi, toi, cette paix royale. "
Pierre
Lévy(34)
...
il y aura donc une suite à vivre.
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19
- cf. méthode de préparation de l'acteur de l'Actors
Studio - Lee Strasberg (cours suivis avec Jack Waltzer en1989/90).
20 - expression employée en cours d'Art Dramatique par l'acteur
Niels Arestrup (cours suivis en 1986/87).
21 - cf. dossier " corps
foetal/corps mental - la poche humaine ", projet de anika mignotte/cicv
pierre schaeffer (1998-2001).
22 - cf. thèse de 3ème cycle de David Rudrauf, actuellement
menée sous la direction de Francisco Varela (Laboratoire
LENA - groupe de Neurodynamique et Imagerie cérébrale).
23 - cf. " Le Jardin des Hasards " - thèse de Guillaume Hutzler,
en collaboration avec l'artiste Bernard Gortais, sous la direction
d'Alexis Drogoul (LIP6 / OASIS / Myriad) - soutenance janvier 2000
:
-http://www-poleia.lip6.fr/~gortais/
-http://www-poleia.lip6.fr/~hutzler/home.html
24 - concept du projet " Mise en Scènes " - auteurs : Bernard
Gortais (artiste associé LIP6) et Guillaume Hutzler (LaMI)
- dépôt décembre 2000 :
-http://miriad.lip6.fr/Mise-en-scene/mise-en-scene.pdf
25 - cf. European Commission : Neuroinformatics for "living artefacts"
:
-ftp://ftp.cordis.lu/pub/ist/docs/fetni-4.pdf
26 - cf. recherches appliquées notamment menées au
département Affective Computing du MédiaLabs/MIT,
dirigé par Rosalind Picard
-http://www.media.mit.edu/affect/
27 - cf. projet Microbes - de l'équipe Miriad (LIP6) dirigée
par Alexis Drogoul :
-http://www-poleia.lip6.fr/~drogoul/
Research/Microb/ microbes.en.html
-http://miriad.lip6.fr/microbes/index.phtml.fr
les suites données à ce projet pourraient envisager
d'équiper les robots de systèmes de détection
de l'affect chez les humains ; ce qui permettrait de complexifier
et d'affiner les modalités de cohabitation entre les deux
communautés.
28 - en échos au processus du " devenir conscient " (" on
becoming aware "), référencé en note 16 de
la part 1.
29 - exercice individuel pratiqué en cours d'Art Dramatique
de Niels Arestrup.
30 - citation de Pierre Bongiovanni - directeur du CICV Pierre Schaeffer.
31 - constat qui n'est pas sans rappeler le " Principe d'Incertitude
" du physicien Heisenberg : en 1927, il démontre que toutes
les données sur le mouvement d'une particule sont régies
par la relation d'incertitude : plus on connaît précisément
sa position, moins on connaît précisément sa
vélocité, et vice-versa.
32 - citation de Du Zhenjun - artiste multimédia.
33 - en référence aux films de Lars von Trier : "
Breaking the Waves " (1996) et " Dancer in the Dark " (2000).
34 - dans cet article, toutes les citations de Pierre Lévy
sont issues de son livre " World Philosophie - Le Marché,
Le Cyberespace, La Conscience ", Ed. Odile Jacob, Le Champ Médiologique
(collection dirigée par Régis Debray), février
2000.
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